L’assymétrie cérébrale facilite la transe hypnotique
Les individus qui sont les plus faciles à hypnotiser seraient plus susceptibles d’avoir un déséquilibre dans l’efficacité des deux hémisphères de leur cerveau. Ces résultats renforcent fortement les déclarations évoquant un fondement biologique à l’hypnose [1].
Environ 15% des gens sont considérés comme étant extrêmement sensibles à l’hypnose, tandis que 10% sont pratiquement impossibles à hypnotiser. Le reste de la population se situe quelque-part entre les deux extrêmes. Les sceptiques déclarent que plutôt que d’être en transe réelle, certains d’entre nous sommes simplement plus suggestibles, et de ce fait plus susceptibles d’agir partiellement. Cependant, des études récentes ont suggéré que durant l’hypnose, il y avait moins de connexions entre les différentes régions, et moins d’activité dans les hémisphères du cerveau. De tels résultats suggèrent que l’hypnose est plus qu’un jeu d’interprétation.
Pour voir s’il y avait aussi des différences entre les cerveaux des volontaires susceptibles et ceux qui ne répondaient pas quand ils étaient en éveil, Pete Naish de l’Université Open de Milton Keynes au Royaume-Uni, a utilisé un test standard de susceptibilité hypnotique, celui-ci associe des tâches moteurs et cognitives, afin d’identifier 10 volontaires de chaque type.
Puis, il a donné à chaque volontaire une paire de spectacles avec un LED monté sur le côté droit et gauche du cadre. Les deux LED flashaient rapidement successivement, et les volontaires devaient dire lequel flashait en premier. Naish a répété la tâche jusqu’à ce que l’écart entre les flashes soit si court que les volontaires ne pouvaient plus juger l’ordre correct.
Naish a alors découvert que les volontaires sensibles à l’hypnose étaient meilleurs pour ce qui était de percevoir quand le LED droit flashait en premier que quand il s’agissait du gauche. Ceci suggère que l’hémisphère gauche de leur cerveau fonctionnait de façon plus efficace (les chemins visuels traversent le cerveau, ainsi la gauche contrôle la droite et vice-versa). Au contraire, les personnes non sensibles à l’hypnose percevaient mieux le LED de gauche en premier que celui de la droite.
Ces différences dans l’équilibre de l’efficacité du cerveau persistaient quand Naish essayait d’hypnotiser les deux groupes. Pendant la séance d’hypnose, les cerveaux du groupe sensible semblaient changer les « états », devenant plus rapide pour identifier quand le LED gauche flashait en premier. Pendant ce temps, l’efficacité des hémisphères demeuraient relativement les mêmes dans le groupe des gens non sensibles. Ils ne tombaient pas en transe, mais leur performance sur la tâche commençait à se détériorer.
Naish suggère qu’une hypnose réussie exige une domination temporaire du côté droit du cerveau, un état qui pourrait être plus facile à trouver chez les gens qui tendent à avoir un déséquilibre dans l’efficacité de leurs deux hémisphères, même quand ils sont en état d’éveil.
« Cela colle avec une théorie selon laquelle l’hypnose implique une transition de la domination de l’hémisphère gauche vers le droit » explique Zoltan Dienes de l’Université de Brighton. Il a utilisé la stimulation magnétique transcrânienne pour réduire temporairement l’activité de l’hémisphère gauche du cerveau et a découvert que cela augmentait la réaction à l’hypnose. « C’est comme si les gens, qui n’ont pas l’aptitude naturelle d’avoir un hémisphère droit dominant, recevaient un coup de main en réduisant l’activité de leur hémisphère gauche » termine-t-il.
[1] Hypnosis and hemispheric asymmetry. Consciousness and Cognition, Vol 19, Iss 1, Mar 2010, pp 230-234
Souce : http://www.insoliscience.fr/?L-asymetrie-cerebrale-facilite-la