Réflexions sur la superfinance virtuelle
Les financiers semblent agir dans un monde déconnecté de la réalité quotidienne des petites et moyennes entreprises, des préoccupations légitimes des consommateurs et citoyens que nous sommes.
Décoréllés des contraintes et de l’environnement réel que vivent les créateurs, les entrepreneurs et les dirigeants de TPE-PME, les traders semblent bien vivre uniquement sur des chiffres, des ratios, des actions et activités virtuelles où l’être humain n’a plus sa place.
La finance n’est plus au service de l’économie et de la société humaine, mais la société humaine et l’économie sont au service des financiers internationaux, qui n’ont semblent-ils qu’un but : générer toujours plus d’argent et de bonus (pour les traders, puisqu’il est dit dans le reportage, que c’est leur seul étalon de leur capacité professionnelle).
Issue de la complexité des produits financiers et de la spéculation absolue, la virtualisation des échanges bancaire entraîne pour conséquence la dématérialisation grandissante de la finance par rapport à la réalité. Le trader Kerviel a occasionné une perte à l’issue de positions qui représentaient 50 milliards d’euros. Jamais écart n’aura été aussi flagrant entre montants virtuels et réalité tangible. D’où une perte de repères.
Pour gérer son risque, la Société Générale n’a pas que l’ajustement à la baisse de ses charges salariales. Elle a aussi la recherche de l’augmentation de son produit net bancaire, lequel provient d’un « hold-up » organisé par toutes les banques de détail pour pressurer le consommateur moyen qui passe sa vie à régler des frais bancaires monstrueux pour des opérations anodines et souvent automatisés. En gros, on va empêcher de vivre 20 millions de consommateurs pour sécuriser un risque pris par 50 golden boys sur des montants disproportionnés. Cela traduit la coupure entre la superclasse mondiale et le reste des agents économiques.
Alors que la Société Générale se jugera capable d’assurer une prise de risque sur des montants de plusieurs dizaines de milliards d’euros à travers quelques dizaines de courtiers, elle ne voudra pas le prendre à hauteur de quelques dizaines ou quelques centaines de milliers d’euros pour cautionner un emprunt indispensable à un jeune couple qui cherche un logement à Paris pour avoir puis élever une famille ou pour financer les premiers investissements d’une PME qui a besoin de capitaux pour exporter (ce que font les PME allemandes). En ce sens, les banques sont doublement coupables de non assistance à familles et entreprises en danger.
Un nouveau paradigme, une nouvelle éthique, un nouveau modèle économique et financier est nécessaire pour épanouir et sauvegarder la Civilisation Humaine comme notre planète, si nous voulons vivre au-delà des 40 prochaines années et voir nos enfants survivre, s’épanouir et pérenniser l’Humanité.
Quelle finance voulons-nous : prédatrice ou constructive ?
S’en prenant notamment à l’ex-gourou de Wall Street, l’ancien patron de la FED, Alan Greenspan, Galbraith souligne combien le monde de la finance vit dans le mensonge. Un mensonge, écrit-il, qui « commence par un fait d’une évidence incontournable, mais généralement ignoré : on ne peut anticiper avec certitude le comportement futur de l’économie, le passage des périodes fastes à la récession ou à la dépression et vice versa ». En clair, ce capitalisme financier qui prend le pas sur le capitalisme industriel, en s’imposant comme la vulgate dominante et le référent culturel, nous impose une vision fictive du monde, nous fait entrer dans un univers virtuel, nous déréalise, ce qui n’est pas sans rapport avec nos impuissances politiques – car comment peser sur une réalité qui nous échappe, puisque nous en serions sortis ?
Au delà de la virtualisation de la finance on peut se poser la question suivante : l’argent n’inclue t il pas en lui même un principe virtuel ? Comment pourrait on repprocher une triche à grande échelle alors que le jeux est truqué des le départ ??