Europe : La transformation numérique du continent
L’Europe est à l’aube d’une transformation technologique sans précédent. C’est ce qu’on appelle l’ « Internet of Everything », à savoir cette pénétration de l’Internet mondial dans tous les aspects de notre vie quotidienne. Bientôt les technologies portables nous informerons sur la qualité de notre sommeil et sur la nécessité ou non de pratiquer un exercice physique.
Les capteurs présents dans nos rues nous permettront d’éviter les embouteillages et de trouver où nous garer. Les applications de télémédecine permettront également aux médecins de traiter des patients situés à des centaines de kilomètres.
Cette transition majeure est vouée à refaçonner la manière dont les citoyens interagissent avec leur gouvernement, à révolutionner des industries tout entières, et à transformer la manière dont nous communiquons les uns avec les autres.
Les villes se lancent elles aussi dans cette démarche de numérisation. Barcelone a d’ores et déjà installé des capteurs souterrains au sein de parkings, et entrepris un projet de transports publics connectés dans le cadre de sa stratégie Smart City.
La ville de Nice a quant à elle construit un « boulevard connecté », faisant intervenir des éclairages intelligents ainsi qu’un suivi environnemental. Enfin, le port de Hambourg dispose d’un système numérique lui permettant de réduire l’encombrement du trafic maritime, ferroviaire et terrestre.
Les projets de ce type se trouvent répliqués sur tout le continent, générant des milliards de dollars de valeur en termes de réduction des coûts, de gains de productivité, et d’augmentation des revenus. Ainsi les dirigeants européens sont-ils non seulement conscients des opportunités de croissance qui s’offrent à eux, mais également de la nécessité de ne pas faire partie des protagonistes à la traîne.
La création d’une Europe véritablement numérique exigera la mise en place d’un haut débit de grande vitesse et de qualité supérieure, qu’il s’agisse du filaire comme du sans fil. Dans le cadre de l’Agenda numérique européen, les dirigeants du continent se sont fixé pour objectif de connecter 50 % des ménages européens à l’ultra-haut débit mobile (100 mbps ou plus) d’ici 2020.
Ils entendent également d’ici là connecter tous les foyers à l’Internet haut débit (au moins 30 mbps). Il est nécessaire que de tels objectifs soient pleinement suivis, et que les dirigeants continuent d’encourager d’importants investissements dans le haut débit, ainsi que dans les infrastructures nécessaires en appui des appareils sans fil dont nous avons tous appris à dépendre aujourd’hui.
Bien entendu, il appartiendra à l’Europe d’encourager l’entreprenariat, ce qui exigera de promouvoir une culture de la prise de risque, de faciliter l’accès au capital-risque, et d’investir dans de solides institutions éducatives. C’est précisément ce qu’entreprennent aujourd’hui de nombreux pays, nous orientant vers une situation dans laquelle les prochaines technologies révolutionnaires pourraient bien ne plus être issues de la Silicon Valley, mais être tout aussi facilement élaborées dans les laboratoires de Paris, de Londres ou de Berlin.
À plus long terme, l’Europe aura besoin d’une main d’œuvre formée aux carrières dans la nouvelle économie numérisée. D’après les estimations, l’Europe devrait bientôt être confrontée à une pénurie de compétences numériques qui, si elle se trouve comblée, pourrait faire naître 850.000 emplois potentiels d’ici 2015, ce chiffre étant susceptible de doubler d’ici 2020.
http://www.project-syndicate.org/commentary/internet-economy-europe-by-john-chambers-2015-03/french