Clonage : 20 ans après la brebis, l’homme ?
Après la brebis Dolly, l’espèce humaine a longtemps résisté aux tentatives de clonage. Jusqu’à l’expérience concluante d’un chercheur de l’Oregon, qui n’a pourtant suscité que peu d’échos.
C’était il y a vingt ans. Au printemps 1996, les chercheurs écossais Ian Wilmut et Keith Campbell transfèrèrent le noyau d’une cellule de glande mammaire de brebis adulte pour l’insérer dans l’ovule énucléé d’une autre brebis, qui a donné naissance, le 5 juillet de cette même année, à Dolly, premier mammifère cloné par l’homme. L’annonce de cette percée se répandit comme une onde de choc, suscitant d’innombrables réactions – enthousiastes ou indignées. Allait-on faire la même chose avec l’homme ? Le Conseil de l’Europe s’empressa d’ajouter un codicille à sa Convention sur les droits de l’homme et la biomédecine, interdisant « toute intervention ayant pour but de créer un être humain génétiquement identique à un autre être humain vivant ou mort ».
Dans les deux décennies qui ont suivi, beaucoup d’autres mammifères ont pu être conçus par clonage, au point qu’une entreprise sud-coréenne créée en 2006, Sooam, propose aujourd’hui aux riches propriétaires de chiens de compagnie de les cloner à leur mort… moyennant 100.000 dollars.
Mais l’espèce humaine semblait jusqu’ici à l’abri. Non pour des raisons éthiques, mais techniques. Toutes les fois que des généticiens avaient tenté d’effectuer un tel « transfert nucléaire » sur l’homme, ils s’étaient cassé les dents. Leur but n’était pas de donner naissance à des « Dolly » humains, ce qui a été interdit partout dans le monde après l’expérience de Wilmut et Campbell, mais d’obtenir des embryons qu’on laisserait se développer in vitro pendant quelques jours aux fins d’en faire des réservoirs à cellules souches. Autorisé dans divers grands pays (au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Japon, en Corée du Sud… mais pas en France), ce clonage dit « thérapeutique » semblait hors de portée des laboratoires.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a quelques semaines, un Chinois du nom de Xu Xiaochun a tenu en public des propos qui font froid dans le dos. Xu Xiaochun préside Boyalife, une entreprise ayant investi 31 millions de dollars dans une usine à Tianjin destinée à produire – par clonage – 100.000 embryons de bœuf par an pour satisfaire la demande des Chinois en rosbif. « La technologie existe déjà. Si le clonage humain est autorisé, je crois qu’aucune autre entreprise ne sera mieux placée que Boyalife pour la mettre en œuvre », a déclaré M. Xu, qui ajoute : « Malheureusement, jusqu’à présent, la seule façon d’avoir un enfant est de mélanger 50 % du patrimoine génétique de la mère et 50 % de celui du père. Mais peut-être à l’avenir aurons-nous trois choix au lieu d’un : soit 50-50, soit un enfant avec 100 % de gènes de son papa, soit un enfant avec 100 % de gènes de sa maman. » Vous frissonnez ?…
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