Ils ont encodé un mp3 et un pdf dans de l’ADN !
Encoder de l’information dans le code génétique, la nature le fait depuis 3,6 milliards d’années. Mais y stocker des informations numériques, c’est un exploit qui ouvre des perspectives fascinantes. Une équipe de l’Institut européen de bioinformatique, près de Cambridge (Angleterre), a utilisé 0,3 nanogramme d’ADN pour encoder deux documents textes, une page en PDF et un fichier mp3–soit 739 kilo-octets de données en tout.La nouvelle a fait le tour de la planète, du Financial TimeàDie Welten passant parLeMonde.«L’ADN est extrêmement stable, même conservé dans une simple éprouvette,explique Christophe Dessimoz, un bioin-formaticien suisse qui a participé auxtravaux. A l’inverse, CD et disques durs se dégradent après une décennie. L’information qu’ils contiennent doit donc être copiée régulièrement, ce qui génère des frais importants.» Les chercheurs ont divisél’information en 153000 brins contenant chacun 117 nucléotides (les quatre molécules A, C, G et T constituant le code génétique). L’encodage utilisé a pu éviter toute répétition des bases, susceptibles d’occasionner des erreurs de lecture. Au final, il a atteint une fiabilité de 99,9997%.«Le code génétique est commun à tous les êtres vivants et fournit un support de données universel, souligne Christophe Dessimoz. Le processus nous a pris en tout trois semaines. La technique est encore lente, mais sa durée pourrait facilementêtre réduite à un jour.» De quoi être utilisée pour un archivage à long terme, comme les dizaines de milliers de terra-octects produits au Cern ou pour encoder une carte recensant la localisation de sites nucléaires.
Daniel SaragaN. Goldman, P. Bertone, S. Chen, Ch. Dessimoz,E.M. LeProust, B. Sipos, E. Birney:Towardspractical, high-capacity, low-maintenanceinformation storage in synthesized DNA, dans:Nature
http://lab.dessimoz.org/media/DNA-storage/Horizons.pdf