La Conscience Holographique

Qu’est-ce que la conscience humaine ? : ce système égocentré de référence morale, peut-il être conçu sur le système holographique ? l’esprit serait il un hologramme enregistrant la symphonie entière des éléments vibratoires ou cosmiques ?
La notion de libre arbitre, qui régit tous nos comportements, a-t-elle été prévue par Niels Bohr et Heisenberg ?
Quels sont les cheminements inter-synaptiques empruntés par nos programmations intérieures, peut-on les imaginer puisqu’ils sont hors de l’espace et du temps, ou ne doit-on se contenter que d’une simple comparaison avec les phénomènes quantiques ?
Peut-on les réduire à de banals réseaux neuronaux inimaginablement complexes (Crick) ?

La découverte de l’hologramme en 1947 a débouché sur des voies inattendues. Karl Pribram, David Bohm, codisciples d’Albert Einstein, semblent vouloir nous faire partager leurs convictions : l’esprit apparaîtrait comme un filet neural encodant de manière holographique toute l’information de l’Univers. UNE ETOILE EXPLOSE ET L’ESPRIT TREMBLE « tout comme chaque cellule du corps encode toute l’information nécessaire pour reproduire le corps entier, ainsi tout esprit récapitule tous les événements cosmiques ». Sam Keen2 ajoute « ce que nous appelons « psy », expériences paranormales, ne sont peut-être que notre brève incursion dans les dimensions intemporelles qui constituent la nature holographique de nos esprits… La science et le mysticisme suggèrent que le moi pourrait être doué d’ubiquité… le moi est un point de rencontre de l’éternité et du temps… L’information encodée du cosmos est incarnée dans chaque corps historique. Un être humain est une porte sur /au-delà … ». Le même auteur conclut alors, et de très nombreux savants sont prêts à le suivre : la super théorie holographique postule que nos -erveaux construisent mathématiquement la réalité concrète en interprétant .es fréquences venant d’une dimension transcendant le temps et l’espace. LE CERVEAU EST UN HOLOGRAMME INTERPRETANT UN UNIVERS HOLOGRAPHIQUE.

La nature de l’Univers ne pourrait-elle pas ressembler à un Hologramme, à un domaine de fréquence et de potentialité sous-jacente à une illusion de concrétude ? David Bohm faisait remarquer que depuis Galilée, la science avait objectivé la nature en la regardant à travers des lentilles. Comment expliquer que lorsque nous entendons certains morceaux de musique, nous avons l’impression d’être transportés dans un autre monde ? Proust nous en avait déjà donné un aperçu. Le lobe limbique, avec son fameux système amygdalien de gratification, opère dans notre cerveau des systèmes de rétroaction et d’anticipation, exactement ce que procure un accord musical que nous avons l’impression de connaître et que cependant, nous n’avons jamais entendu… Il ne s’agit, en aucun cas, du fameux sentiment de familiarité, spécification fonctionnelle de l’hémisphère gauche, mais au contraire de la disposition connotative de notre cerveau droit qui nous fait rechercher les ressemblances. Songeons à la prosopagnosie, ce déficit cérébral qui nous fait perdre le sens des ressemblances… On peut alors considérer que ces modèles musicaux qui nous emportent littéralement dans un monde ineffable sont distribués dans notre cerveau sous une forme holographique. Il s’agit d’une information -par définition sans niasse- qui serait traitée par le cerveau numérique, linéaire, c’est-à-dire le gauche comme dans un ordinateur, pour être ensuite véhiculée par le corps calleux vers l’hémisphère droit dans un système de fréquences que nous allons évoquer plus loin.
Un pattern de distribution semblable à celui d’un hologramme expliquerait alors l’éclosion d’un souvenir spécifique, sans lieu précis, mais réparti à travers tout le cerveau ; une fois de plus, la théorie du cerveau réconcilié, évoquée par Jean Cambier, trouve une explication
scientifique largement amorcée par ses travaux.

Seule l’explication holographique peut expliquer la sensation de déjà conçu (songeons au feedback du lobe limbique) de même que la sensation de plénitude, de concrétude et d’un savoir universel, trouve son explication.
« Le réel est vide et le vide est le réel »!
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Cerveau droit, l’ordre impliqué, cerveau gauche, l’ordre implié ?

La physique quantique-relativiste représente la voie la plus avancée pour comprendre, aussi bien la nature et les lois fondamentales de la matière, que d’autres aspects de leur réalité comme l’énergie, le temps, l’espace et la causalité. Selon David Bohm, le monde matériel, tel que nous le percevons, tel que le perçoit notre cerveau à travers nos sens et avec l’aide d’instruments variés qui étendent la portée de nos organes sensoriels, est seulement un aspect de la réalité qu’il appelle l’ordre déplié ou développé. La matrice qui le génère, c’est-à-dire l’ordre implié ou inveloppé, n’est pas normalement accessible à nos sens et à l’investigation scientifique directe, pour le moment en tout cas.
Il n’est pas téméraire de dire que cet ordre déplié ou développé est celui précisément qui impartit à notre cerveau cartésien, c’est-à-dire à notre hémisphère gauche, le rythme musical, la cadence, le sentiment de familiarité, font partie de cet ordre sensoriel immédiatement à la portée de nos sens. Le monde implié, celui qui nous est traduit par l’hologramme, est au contraire celui de la rêverie, celui de la fameuse mélodie qui nous prend aux « tripes », c’est un monde hors du temps et de l’espace où la sensation de déjà vu (quelle joie !) alterne avec un monde d’anticipation. Quelques psychiatres trop classiques, n’hésitent pas à parler de bouffées délirantes: ILS SONT RESTES LINEAIRES ET CARTESIENS LA OU ILS AVAIENT LE DROIT D’ETRE POETES. Ce monde impliqué, celui que la mélodie musicale nous fait appréhender, permet de faire se télescoper en un seul point le passé, le présent et l’avenir, un point qui précisément est notre conscience. Par la musique nous mettons un pied dans l’ordre impliqué, une partie de nous-même se met à participer consciemment à ce « réel primaire » qui est l’implicitation de notre espace-temps…

L’ordre impliqué de l’Univers, ajoute David Bohm, est sans doute ce qui touche notre conscience en premier car elle-même semble fondamentalement appartenir à cet ordre… Cependant, notre intelligence sensorielle s’interpose aussitôt entre le « réel primaire » et nous, pour nous le rendre différencié et aussi du même coup, étranger, terrible illusion du bon sens commun… » David Bohm décrivait sans le savoir l’implication de l’hémisphère gauche éternellement rationnel sur le territoire hémisphérique droit, éminemment sensitif et irrationnel (je n’ai pas dit déraisonnable).

Doit-on conclure ou considérer que la science ne peut s’attaquer qu’au quantifiable et au répétitif? que faire donc du jaillissement intuitif c’est-à-dire du pouvoir créatif échappant toujours à toute explication rationnelle…

Cela peut aussi s’appliquer au domaine de la musique.

L’explosion émotionnelle de la musique qui nous entraîne donc vers la Transcendance, vers le sentiment océanique, cher à Freud, vers l’Absolu, doit-elle être réduite au monde des fréquences, à celui des aarmoniques mystérieux. L’harmonique certes nous le savons est un son musical simple dont la fréquence est un multiple entier de celle du son fondamental… Rappelons que nos oreilles ne sont sensibles qu’à certaines séquences, ainsi les fréquences des sons musicaux sont comprises entre 27 :t 4 500 vibrations, le premier de ces nombres correspondant à la note la :>lus basse du piano et le second à la note la plus aiguë de la petite flûte. Les fréquences des sons non-musicaux mais seulement audibles, peuvent s’élever jusqu’à 20 000 vibrations par seconde… les sons de fréquences supérieures à ce chiffre s’appellent des ultrasons… La voix humaine a des limites peu étendues : son registre ne s’étend que de 80 à 1000 vibrations. Si l’on ne s’en tenait qu’à ces chiffres, « à ce numérique », on resterait matériel, limité strictement au territoire hémisphérique gauche celui du rythme, de la cadence, de l’intervalle des notes et de la hauteur des sons. Mais une fois de plus, la « machine esclave », c’est-à-dire le couple intelligence-affectivité va nous précipiter irrésistiblement de l’hémisphère gauche vers l’hémisphère droit.
Ainsi conçu, ainsi suggéré, le moment musical structuré comme un système holographique nous fait passer du domaine explicite au domaine implicite, une fois de plus, de la gauche vers la droite. On parle alors d’un domaine de fréquences holistiques transcendant les frontières spatiales et temporelles, Pribram1 nous dit qu’il s’agit du domaine d’unité-dans-la-diversité transcendantale vécu et décrit par les mystiques, les sages, les musiciens et ceux qui les écoutent. Pribram suggère alors que dans le monde implicite ou fréquentiel, toutes les choses et tous les événements ne font qu’un tout indivis, aspatial, atemporel et intrinsèque. Nous accédons – ou dérivons selon nos convictions philosophiques- vers une expérience authentique et transcendantale.

Henry Amoroso – Cerveau Droit. Voix et voie de Dieu (Aubin Editeur)