Origine du Covid-19 : des scientifiques appellent à considérer l’hypothèse d’un accident de laboratoire
L’idée que la pandémie de Covid-19 puisse être causée par un accident de laboratoire a été dénoncée, il y a un an, comme une théorie complotiste par les plus grandes revues, scientifiques et organisations de presse du monde. Mais l’origine du virus qui a tué des millions de personnes reste un mystère, et la possibilité qu’il provienne d’un laboratoire reste une théorie possible…
Dans une correspondance publiée dans la revue Science, jeudi 13 mai, 18 éminents biologistes appuient les appels en faveur d’une nouvelle enquête sur toutes les origines possibles du virus et demandent aux laboratoires et agences chinoises d’ouvrir leurs dossiers à des analyses indépendantes.
« Nous devons prendre au sérieux les hypothèses relatives à la propagation naturelle et en laboratoire jusqu’à ce que nous disposions de données suffisantes », écrivent les scientifiques.
Un virus de chauve souris ? une hypothèse « Extrêmement improbable »
La lettre, écrite par le microbiologiste David Relman de l’université de Stanford et le virologue Jesse Bloom de l’université de Washington, s’en prend à une récente étude conjointe sur les origines du covid-19 menée par l’Organisation mondiale de la santé et la Chine, qui a conclu qu’un virus de chauve-souris avait probablement atteint l’homme via un animal intermédiaire et qu’un accident de laboratoire était « extrêmement improbable ».
Cette conclusion n’était pas scientifiquement justifiée, selon les auteurs de la lettre, puisqu’aucune trace de la façon dont le virus est passé à l’homme n’a été trouvée. La théorie d’un accident de laboratoire n’a été examinée que superficiellement. Une poignée seulement des 313 pages du rapport sur les origines de l’OMS et de ses annexes est consacrée à ce sujet.
« Je suis resté en dehors de tout cela parce que j’étais occupé à m’occuper des conséquences de la pandémie plutôt que de son origine », explique Marc Lipsitch, épidémiologiste de l’Université de Harvard. « Mais lorsque l’OMS publie un rapport qui fait des affirmations spécieuses sur un sujet important, cela vaut la peine de s’exprimer » ajoute le cosignataire de la lettre au MIT Technology Review.
Plusieurs des signataires de la lettre, dont Lipsitch et Relman, ont demandé, par le passé, un examen plus approfondi de la recherche sur le « gain de fonction », qui consiste à modifier génétiquement des virus pour les rendre plus infectieux ou virulents.