Matrice des mots : imaginer, penser, se demander
De simples mots sont souvent lourds de sens ! Un sens qui est généralement détourné par rapport au sens original…
Certaines façon de parler tournent même à l’autogratification permanente et empêche tout dialogue véritable alors même que les mots employé laisserait supposer une grande ouverture d’esprit ! Joseph Messinger ce génie du décryptage du langage verbal et non verbale nous livre ici quelques une de ses pépites…
Imaginer
« J’imagine qu’il vous a fait faux bond. » L’utilisation récurrente du verbe imaginer est typique des individus qui n’ont aucune imagination. La conjugaison des sons de ce vocable musical est agréable à l’oreille. La signification du verbe est gratifiante pour l’ego de celui qui en abuse. Il se prend pour un créatif, joue de sa sensualité relationnelle et se vante souvent de son flair ou de son intuition. Ne vous fiez jamais à son flair, il a le nez bouché. Quant à son intuition, elle repose sur une conduite pulsionnelle, donc impulsive. Grattez ici !
Penser
Penser n’est pas réfléchir ! L’usage intensif du verbe penser est un signe d’intellocratie et de soumission à la pensée unique qui prévaut ! « Je pense qu’il faut étudier la question de manière plus précise avant de prendre une décision ». Les penseurs en paroles sont des acteurs stériles. À force de « penser que », ils finissent par oublier d’agir. Et s’ils sont décisionnaires, leur service ou leur entreprise s’engluent dans la stagnation ou la conservation des acquis sans la moindre perspective d’avenir. Le pouvoir de la pensée est tel qu’il hypothèque tout passage à l’acte ou tout chan¬gement. La pensée est confortable et sécurisante car elle n’oblige jamais le penseur à agir autrement qu’en théorie. « Je pense, donc je suis ! » Terminus ! Tout le monde descend !
Se demander
« Je me demande s’il a raison ? » Celui qui s’interroge de cette manière ne pose jamais de questions à son interlocuteur. Son
manque de curiosité intellectuelle s’affirme chaque fois qu’il se pose la question. Il se consulte en circuit fermé, excluant tout intérêt pour l’avis de celui auquel il semble adresser cette question. « Je me demande pourquoi il a fait cela ? » II s’interroge à haute voix attendant une réponse de son inspiration. Si vous intervenez en lui suggérant votre avis, il n’en tiendra pas compte dans la mesure où il n’a pas sollicité explicitement votre concours. L’individu qui « se demande » est en orbite autour de son nombril. Son entourage est virtuel, la seule réalité qui le branche, c’est son ego.
Source : Joseph Messinger – « Ces gestes qui manipulent, ces mots qui influencent »