Les dirigeants de Google s’alarment d’un futur sans vie privée
Eric Schmidt et Jared Cohen, respectivement président exécutif de Google et président du think tank de l’entreprise, alertent dans un livre sorti le 23 avril 2013, «The New Digital Age», sur un avenir ultra-connecté, et dans lequel le contrôle des données personnelles deviendra un enjeu clé. Ils annoncent l’avènement de la «première génération à avoir un dossier indélébile», avec pour conséquence «inévitable» d’être vu comme «suspect» si l’on choisit de faire partie des «gens cachés» – autrement dit absents de la toile. Et d’appeler à plus de contrôle sur les données personnelles dont le géant de l’internet serait l’un des acteurs clés.
«Un gouvernement pourra suspecter que les personnes qui choisiront de rester totalement à l’extérieur ont quelque chose à cacher et sont donc plus susceptibles de violer la loi. Les gouvernements, par précaution anti-terroriste, pourront faire un fichier des “gens cachés”. […] vous pourrez même être soumis à des nouvelles règles strictes incluant des contrôles plus rigoureux dans les aéroports et même des restrictions de voyage», préviennent Eric Schmidt et Jared Cohen dans un extrait choisi par Pierre Haski dans sa critique du livre sur le site Rue89.
«Un bouton pour effacer des données sur internet»
Selon les dirigeants de Google, cités par le site du quotidien San Francisco Chronicle, la seule solution pour contre-carrer cette tendance serait de mettre en place «un bouton “effacer”» sur internet: «L’absence de bouton “effacer” sur internet est un gros problème. Car il y a un moment où il est effectivement bien de pouvoir effacer quelque chose», a déclaré Eric Schmidt lors d’une conférence lundi 6 mai à l’Université de New York.
Néanmoins la posture du PDG de Google fait aujourd’hui figure de volte-face. En 2009, lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CNBC, il avait notamment déclaré: «si vous ne voulez pas que les gens sachent quelque chose sur vous, c’est que vous n’auriez dû peut-être pas faire ce qui en est à l’origine».
Dans leur conclusion, les auteurs nous expliquent qu’en fait, les sociétés de technologie sont les mieux placées pour sauver le monde.
Ils font valoir que 52% des habitants de cette planète ont moins de 30 ans et, dans leur grande majorité, vivent dans des zones où les opportunités économiques sont faibles. Ils sont les premiers candidats à la radicalisation que suscitera, selon eux, l’accès au monde connecté dans les prochaines années.
Il faudra donc parler à ces jeunes et leur offrir des opportunités que permet la technologie pour les détourner de la radicalité qui menace. Schmidt et Cohen prônent, pour y parvenir, des « partenariats public-privé », et ajoutent :
« Les entreprises de technologie sont les mieux placées pour mener cet effort internationalement. »
Le monde vu par Google est donc relativement simple : la technologie va nous faire entrer dans une époque pleine de menaces pour l’individu, pour les sociétés, pour les Etats. Et seul le savoir-faire de ceux qui maîtrisent la technologie peut nous permettre d’éviter les catastrophes. CQFD.
http://www.newsring.fr/medias-tech/403-donnees-personnelles-doit-on-accepter-detre-trace-par-google-et-facebook/51871-les-dirigeants-de-google-salarment-dun-futur-sans-vie-privee