Des documents déclassifiés révèlent les liens étroits entre Washington et les Frères musulmans
Des milliers de pages de documents déclassifiés sur les relations entre le Département d’État américain et la Confrérie internationale des Frères musulmans révèleraient, selon un article de Gulf News, que Obama a commandé une étude sur la Confrérie en 2010. Cette étude aurait mené à la conclusion que les États-Unis devaient changer leur politique de soutien à des régimes laïques autoritaires au profit d’une politique consistant à soutenir les mouvements politiques islamiques «modérés» au moyen-orient et au maghreb…
Au cours de la dernière décennie, deux administrations américaines successives ont maintenu des liens étroits avec les Frères musulmans en Egypte, en Tunisie, en Syrie et en Libye, pour ne citer que les cas les plus importants.
L’administration Obama a procédé à une évaluation des Frères musulmans en 2010 et 2011, avant même l’éclatement en Tunisie et en Égypte des événements connus comme le «printemps arabe». Le Président a personnellement signé la Presidential Study Directive 11 (PSD-11) en 2010, ordonnant une évaluation des Frères musulmans et d’autres mouvements «islamistes politiques», y compris l’AKP au pouvoir en Turquie; cette évaluation a mené à la conclusion que les États-Unis devaient changer leur politique de longue date consistant à soutenir la «stabilité» au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (à savoir, soutenir les «régimes stables», même s’ils étaient autoritaires), au profit d’une politique consistant à soutenir les mouvements politiques islamiques «modérés».
A ce jour, la directive PSD-11 demeure classée secrète, notamment parce qu’elle révèle une vision honteusement naïve et mal informée des tendances dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord (MENA).
Ces révélations émanent du centre Al-Hewar à Washington, qui a obtenu les documents en question.
Grâce à une poursuite en vertu de la Loi sur l’accès à l’information (FOIA), des milliers de pages de documents sur les relations entre le Département d’État américain et les Frères musulmans sont en train d’être déclassifiées et rendues publiques.
Les documents du Département d’État américain obtenus en vertu de la FOIA confirment que l’administration Obama a maintenu des contacts et des liens fréquents avec les Frères musulmans en Libye. En avril 2012, des responsables américains ont organisé la venue à Washington du directeur des relations publiques des Frères musulmans en Libye, Mohammad Gaair, afin qu’il prenne la parole à la conférence intitulée «Les islamistes au pouvoir» du Carnegie Endowment for International Peace.
Un câble du Département d’Etat classé «confidentiel», rapporte ce qui suit : «Réunion à Benghazi avec la Confrérie des Frères musulmans de Libye: le 2 avril 2012, la Mission de Benghazi a rencontré un membre haut placé du comité de direction de la Confrérie, qui prendra la parole le 5 avril à Washington lors de la conférence « Les islamistes au pouvoir » de la Carnegie Endowment. Selon lui, la décision des Frères musulmans de former un parti politique constitue à la fois une opportunité et une obligation dans la Libye post-révolution après des années de clandestinité.
[…]
Un câble non daté du Département d’Etat révèle d’autres relations avec les Frères musulmans en Libye et leur Parti de la Justice et de la Construction : « Mohammad Sawan, Président du Parti de la Justice et de la Construction, a reçu hier à son bureau à Tripoli, les ambassadeurs des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l’Italie. […]
Le Département d’Etat a noté ce qui suit dans son câble :
«De leur côté, les ambassadeurs ont louangé le rôle actif du Parti sur la scène politique et ont confirmé sa réputation auprès du peuple libyen et du gouvernement malgré ses faiblesses, et son désir de stabiliser la région… A la fin de la réunion, Sawan a remercié ses invités et tous ont souligné la nécessité de communiquer. Les invités ont indiqué qu’ils fourniraient de l’assistance à travers les organismes libyens légitimes, comme ils l’avaient fait pendant la révolution»