Une vie extra-terrestre possible sur Titan ?
Exoplanètes en quantité, de l’eau partout et maintenant des « microbes exotiques » par ici et par là… Lentement, mais sûrement on s’approche de la Divulgation…
Pas d’acétylène et de l’hydrogène qui disparaît près de la surface…ces deux particularités révélées par la sonde Cassini ont mis en émoi le (tout petit) monde des astrobiologistes. Elles pourraient en effet révéler l’existence d’une forme de vie sur Titan, le plus grand satellite de Saturne. Bien différente de celle qui existe sur Terre, il s’agirait de microbes exotiques avec un métabolisme basé sur le méthane.

Des tels êtres sont le fruit des réflexions de Chris McKay, de la NASA et de Heather R Smith, de l’International Space University à Strasbourg, qui ont émis l’hypothèse, en 2005, que des organismes pourraient peupler les vastes lacs d’hydrocarbures situés près des pôles du satellite. Selon, ces microbes respireraient non pas de l’oxygène mais de l’hydrogène et tireraient une grande partie de leur énergie de la consommation de molécules d’acétylène. Cela se traduirait par un manque d’acétylène sur Titan et un appauvrissement de la couche d’hydrogène près de la surface de la lune, où les microbes pourraient vivre, précisaient-ils.
Exactement ce qu’a détecté la sonde Cassini qui orbite autour de Saturne et de ses lunes depuis 2004 maintenant. D’où l’effervescence qui anime certains spécialistes de la vie extraterrestre. Les spectres infrarouges de la surface de Titan réalisée par le VIMS (Visible infrarouge Mapping Spectrometer) n’ont en effet pas révélé de traces d’acétylène qui devrait normalement être produit en continu lorsque les rayons ultraviolets du Soleil frappent l’épaisse atmosphère du satellite. L’étude VIMS, dirigé par Roger Clark, de l’US Geological Survey, à Denver, Colorado, paraîtra dans le Journal of Geophysical Research. D’autres mesures de Cassini, qui seront publiées dans la revue Icarus par Darrell Strobel de l’Université Johns Hopkins à Baltimore, Maryland, suggèrent que l’hydrogène disparaît près de la surface de Titan.
Autant d’arguments en faveur de l’existence possible d’une forme de vie sur Titan. Mais comme le fait remarquer Mark Allen du Jet Propulsion Laboratory de la NASA : « l’explication biologique ne peut être que le dernier choix après que toutes les hypothèses non biologiques aient été écartées. » Sauf que pour pouvoir éliminer certaines possibilités, comme la production de glace d’acétylène dans l’atmosphère rendant indétectable cet élément à la surface du sol, il faut organiser une nouvelle mission d’exploration ou attendre un nouveau survol de Titan par la sonde Cassini.
La vie sans soleil
Un écosystème basé autour du méthane est tout à fait plausible : ce phénomène a déjà été observé sur notre planète.
« Longtemps, les biologistes ont professé que le soleil était l’unique source de vie. Ils entendaient par là que tous les écosystèmes étaient fondés sur des chaînes alimentaires dont le premier maillon était obligatoirement constitué par un organisme, algue ou plante, capable de “faire” directement de la matière vivante à partir du gaz carbonique, comme c’est le cas à la surface de la Terre. L’énergie nécessaire à l’opération ne pouvait être, à leurs yeux, que celle des photons solaires captés par la chlorophylle.
Conséquence logique de ce dogme : les nuits perpétuelles des abysses marins et des grottes n’étaient peuplées que d’organismes “détritivores”. Autrement dit, de charognards dépendant de la manne de cadavres tombant en pluie incessante depuis la surface. Les grands fonds ne pouvaient donc être que chichement peuplés. Et c’est bien ce qu’observèrent les premiers explorateurs des abysses enfermés dans les capsules sphériques des bathyscaphes. CQFD !
Mais, depuis qu’ont été découvertes, en 1976, de luxuriantes oasis de vie sous-marine, liées aux sources hydrothermales des dorsales médio-océaniques, on sait que le dogme du tout-solaire est faux. Ici, les producteurs primaires, broutés par les herbivores, eux-mêmes dévorés par les carnivores, sont des bactéries capables de “manger” du gaz carbonique sans le secours de la photosynthèse. Plus besoin de soleil ! Les micro-organismes, producteurs primaires de ces chaînes alimentaires particulières, tirent leur énergie soit du soufre craché par les sources hydrothermales, soit du méthane suintant des sédiments marins. Même si la vie terrestre dépend, c’est vrai, en majorité du soleil, il existe donc aussi des écosystèmes florissants qui s’en passent.
http://www.newsoftomorrow.org/spip.php?article8520
http://www.sciencesetavenir.fr/actualite/espace/20100608.OBS5203/de-la-vie-sur-titan.html