Ce temps qui s’accélère …

Si nous sommes tous d’accord pour dire que le climat se détraque alors que dire à propos du temps ? Nous avons tous constaté en effet une sorte d’accélération temporelle. Les journées semblent passer plus vite et très souvent le soir venu nous déplorons de n’avoir pas fait la moitié des choses qui étaient prévues. C’est comme si les journées de 24 heures avaient été compressées et ne faisaient plus que 15 heures. Tout s’emballe et personne ne peut retenir le temps qui passe trop vite. C’est un discours qu’on a entendu de tout temps me direz-vous. Certes, cependant, le rythme de nos sociétés Iui-même a changé comme pour tenter de suivre le mouvement. À l’heure du numérique, les échanges, la communication, l’information, bref tout le processus « Action Réaction » est instantané, d’où cette sensation d’accélération incontrôlée. Les générations actuelles vivent plusieurs vies à l’échelle des générations antérieures. L’usure est plus rapide, usure des sentiments, des situations professionnelles, tout change plus vite, ce qui procure un sentiment d’incertitude et de malaise grandissant vis-à-vis du lendemain Les enfants semblent moins sensibles au phénomène. Leur structure moléculaire est elle mieux adaptée au choc de cette compression temporelle ? Imaginons que tout l’Univers soit contenu dans un fichier informatique. L’univers étant en expansion, les données numériques ne cesseraient de s’accroître ; le fichier de s’alourdir. Imaginons alors que pour des raisons de mémoire et de commodité évidente, car il faut bien contrebalancer cette expansion infinie, le fichier sot soumis à une compression permanente. Imaginons que nous ayons passé récemment un palier de compression justement, comme une nouvelle ère. Le contenu resterait te même, les référents et instruments de mesure seraient les mêmes, noue constaterions toujours la même expansion de l’univers, mais notre horloge interne, elle, créée avant te passage de palier, aurait peine à se régler sur la fréquence vibratoire de ce nouvel environnement. D’où la sensation du temps qui accélère, des jours qui rétrécissent. La création serait-elle confrontée à un problème de carte mémoire et de vitesse d’horloge ? La date de la fin du monde, mathématique et inéluctable, que d’aucuns se plaisent à prédire, serait alors en effet une affaire de calcul ; elle correspondrait tout simplement à la saturation d’un disque dur. L’idée générale, c’est donc que tes jours rétrécissent inexorablement. Que nous sommes dans un monde « numérique », dont notre technologie ne serait qu’une métaphore à l’échelle réduite. Et c’est justement de « magie numérique » dont nous allons parler à présent. Je pense à certains personnages du film Matrix qui sont des Bug, des sous-programmes défaillants qui ont refusé de se laisser détruire. Ils ont une emprise sur la « Matrice » des super pouvoirs mais ils sont déviants. Ils se font parfois remarquer et l’on entend alors parler de vampires, de fantômes, de faits mystérieux inexplicables et insolites. Parmi eux se trouvent aussi tes fameux planificateurs invisibles dont je vous ai souvent parlé. Avec le phénomène d’accélération temporel, leurs manifestations sont encore plus fréquentes et visibles. […] Ainsi, la magie numérique transpire et les révélations s’accélèrent dans un monde qui ressemble parfois à un film d’horreur…

Source Edito de Roch Saüquere dans la Revue top secret n° 37