La gestuelle des politiques : quand le non-verbal exprime le non-dit …

Alors qu’en ces temps troublés, la propagande médiatique bas son plein (« circulez il n’y a rien à voir… »). Les Français et bien d’autres citoyens du monde commencent à sentir que « quelque chose ne tourne pas rond », qu’il y a bien un double langage qui consiste à dire en public aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre et à les considérer en privé comme des moutons à tondre ou des vaches à traire quand ce ne sont pas des animaux reservé à l’abattage… Les moyens sont faibles pour qui prétend déjouer les pièges du double langage politique tant les expert de la langue de bois sont passé maître dans l’art de duper leur auditoire par des promesses trompeuses.

Joseph Messinger, psychologue, spécialiste des gestes, analyse la gestuelle de Nicolas Sarkozy dans un livre intitulé « La Sarko attitude ». Sous-titre, « Les gestes qui le trahissent ». Il s’explique et présente son livre en quelques minutes dans l’émission « En 3 mots » de France 3, présentée par Jean-Jacques Cros…

Malgrés toute la com’ qui gère au quotidien les débats des grands hommes politiques, les gestes serait décryptables par des téléspecteurs quelques peu avertit. Par exemple lors du débat Segi Sarko, le candidat Sarkosy devait apparaître comme quelqu’un de calme, de détendu, de réceptif, de rassurant. Pari gagné pendant la première partie du débat. « Madame, je vous en prie », « Vous avez raison, madame… » Mais une erreur de communication est survenue quand Nicolas Sarkozy a eu un stylo à portée de ses mains; c’est une stéréotypies motrices de compensation de l’anxiété.
Nicolas Sarkozy a eu un temps de regard de 30% par rapport à son temps de parole vers Ségolène Royal; il s’adressait
majoritairement aux journalistes. Peut-être une stratégie pour montrer que Mme Royal était une étape obligatoire sans aucune menace pour lui.
Il y a également un psychologue/psychophysiologiste américain (Joseph Tecce) qui a étudié le ‘blinking’ (clignement des yeux) des candidats lors des présidentielles aux US. Il a dans presque tous les cas prédit la défaite de celui qui cligne le plus sauf lors du duel Al Gore/Bush. Mais tout le monde sait que Bush avait triché…
Ainsi certains spécialiste en synergologie (science qui étudie les gestes) ont une manière différente d’interpréter l’actualité dans les médias en fonction de leurs observations sur le non-verbal (qui traduit bien souvent le non-dit)
Apprendre le langage non verbal c’est aussi apprendre à lire l’état émotionnel de notre interlocuteur mais aussi devenir moins manipulable car plus attentif à son intention réelle.
Selon Messinger (la « Sarko Attitude ») « le langage gestuel de Nicolas Sarkozy exprime parfois le contraire de ce qu’il promet aux Français »
La synergologie rejoint également dans certains aspects de son interprétation une autre science « parallèle » : la morphopsychologie pour qui le visage est le reflet de la psyché, du caractère…
Alors, qu’en est-il de celui de Sarkozy ? D’après Jean-Pierre Friedman, docteur en psycohologie et psychanalyste en France, un indice serait révélateur de la différence qu’il peut y avoir entre le candidat de l’UMP et Chirac. “Il suffit de comparer leur front. Chez Jacques Chirac, la zone supérieure, celle de l’imagination, et la zone moyenne, celle de la réflexion, sont réduites. La zone inférieure, celle de l’observation et de l’action est prédominante. Le front de Nicolas Sarkozy montre un développement équilibré des trois parties. Comme si cela reflétait la plus vaste gamme de ses aptitudes.”
Pourquoi Sarko fait-il peur ? Petu-être à cause de certains de ses gestes. “En meeting, Nicolas Sarkozy a tout le temps un doigt levé vers l’avant – un geste qui peut paraître menaçant – et la main sur le pupitre, pour dire : “Moi, je veux”, explique René Zayan, professeur à l’UCL. Quant à son sourire… “Observez la bande de peau située entre le sourcil et la paupière supérieure : quand les leaders politiques sourient de bon coeur, elle bouge.” En la matière, Chirac serait un champion du sourire vrai. “Quand il relève les sourcils brièvement, ou le coin de ses lèvres en découvrant ses dents du haut, il sourit par plaisir.” Ce ne serait pas le cas chez Sarkozy, dont on voit souvent les dents du bas quand il sourit (un signe de menace). Quant à l’avis des internautes sur la question… “J’ai remarqué qu’il y a une grande similarité dans la gestuelle de Bush et de Sarkozy : main tranchante, index tendu accusateur, etc. Ce serait intéressant à analyser plus en détail ! “, explique Sophia, sur http : aixtal.blogspot.com.

Illustration extraites du site Bellacio.fr

Au moment de la campagne présidentielle, 2 synergologues s’exprimaient dans le quotidien Suisse le Temps pour tenter de décrypter le discours des candidiats
Catherine Monnin(CM) chargée de cours en communication et comportement organisationnel à l’EPFL, a travaillé quatre ans dans la communication politique d’un ministère français et analyse aujourd’hui les gestes, mais aussi le timbre de la voix, le rythme de la parole, etc. Rabah Aiouaz (cité dans l’article ci-contre sous les initiales RA) est synergologue, soit spécialiste de la communication non verbale. L’un et l’autre ont observé des heures durant les candidats.

• Les yeux
«Madame Royal fixe l’interlocuteur et cligne des paupières, ce qui marque l’assimilation de l’information et une écoute empathique. Elle a des sourcils droits qui sont, comme tout son visage, assez faiblement expressifs. Nicolas Sarkozy l’est davantage», estime Catherine Monnin.
Le regard est ce qui crée le lien et détermine l’acuité du discours. Pour Rabah Aiouaz, «Sarkozy a souvent un regard en dessous. On voit du blanc sous la pupille. Cela manifeste la peur ou la colère. Car il y a aussi de la peur chez lui, voire une tendance à la paranoïa.»

«Si Sarkozy regarde son interlocuteur avec son œil gauche, c’est qu’il veut faire passer de l’émotionnel. Il a très longtemps utilisé presque uniquement son œil droit.» (RA)
Où va le regard? Selon la synergologie, le regard part vers la droite lorsque l’esprit se concentre sur la projection, le futur; à gauche lorsque l’esprit va chercher le souvenir. Le haut est le lien du cognitif, du savoir, et le bas le lieu de l’affect. Une question d’ordre privé? Les deux candidats baisseront vraisemblablement, un instant, les yeux, avant d’évacuer le sujet.
• Le sourire
«Le sourire est le meilleur lien de connivence. Nicolas Sarkozy l’utilise moins que Ségolène Royal, mais sourire lui est utile dans les situations embarrassantes. Il se recentre sur lui et temporise en souriant.»
«Ségolène a un immense sourire, mais… figé. Dans un sourire vrai, la bouche se relève en même temps que les yeux se plissent. Chez elle, les yeux bougent après. En plus, son sourire dure longtemps. C’est mauvais signe.» (CM)
• Les épaules
L’épaule droite est un siège symbolique de l’ambition. «Sarkozy mobilise beaucoup son épaule droite c’est typique d’un individu actif, qui veut avancer. Quitte à révéler une impatience. Ségolène, ne bouge pratiquement pas ses épaules. (RA)
• Le phrasé et le timbre
Cette question n’est pas étudiée par la synergologie. Mais Catherine Monnin l’intègre dans ses analyses. «La voix aiguë de Ségolène la dessert, explique la chercheuse. Ségolène est monocorde, elle peine à mettre en valeur certains mots. Et elle est prolixe!
Nicolas Sarkozy a réussi à baisser sa fréquence vocale au fil des derniers mois. Une voix plus grave rassure. Il joue bien sur le débit et sur les silences. Rappelons qu’il est avocat. C’est un rhéteur. Au niveau purement prosodique, il est efficace, elle est plus faible.»

Les candidats ne pourront rien changer à leur voix d’ici le face-à-face. Mais plus le discours est incarné, plus la voix se pose naturellement. Qui aura la voix qui monte? Autre détail, d’ordre interactif: «En cas d’interruption par l’interlocuteur, Ségolène Royal est plus courtoise que Nicolas Sarkozy, mais se laisse davantage faire. Lui ne s’excuse pas, il continue, revient sur le propos. Il ne lâche jamais. Au risque de glacer par son intransigeance.» (CM).
• Les mains
«Les mains sont la partie visible de l’esprit», concordent les deux spécialistes en communication. «On n’a pas vu les mains de Ségolène pendant des mois, rappelle Rabah Aiouaz. Alors que les mains accompagnent naturellement le discours. Au soir des résultats du premier tour, elle abaissait ses mains, paumes vers le bas, pour calmer la foule. Ce qui provoquait une sensation étrange. Souvent, ses mains bougent de manière peu naturelle.»
»Ségolène se sert peu de ses mains, confirme Catherine Monnin, elle s’approprie difficilement l’espace. Elle les pose à plat, souvent, en recherche de maîtrise d’elle-même. Elle cache souvent sa main gauche dans sa main droite. Un signe de réserve. Une élégance aussi. Ségolène, c’est une émotionnelle pudique.»
«Nicolas Sarkozy fait moins de gestes qu’il y a quelques mois. Sa gestuelle s’est canalisée au fil du temps, elle est moins saccadée. Il semble aussi avoir appris à joindre les mains, pour ramener vers lui et réunir.»
«Chez Nicolas Sarkozy, la main droite bouge, beaucoup plus que la gauche. C’est donc son cerveau gauche (hémisphère du contrôle, de la maîtrise) qui domine. Assez logique chez un homme politique qui prétend à diriger un pays». C’est congruant. Sauf quand il s’essaie à un discours plus affectif qui ne colle pas avec cette attitude.» (RA)
• Les bras
«Sarkozy a souvent des gestes carrés, rectilignes, qui peuvent être perçus comme cassants et autoritaires.» (CM). «Cela durcit son discours et renforce cette image du «Sarko» qui fait peur.» (RA)
• L’axe de la tête
«Sarkozy a la tête qui penche à droite, c’est net. Un signe d’autorité mais aussi de rigidité.» (CM) «Assez évident pour un meneur. La tête qui penche à gauche, c’est un signe de douceur, voire de soumission». (RA).
• L’axe du buste
«Sarkozy a le buste qui penche vers la droite. L’analyse domine. Ségolène Royal a le haut du corps très droit. Signe d’une norme très assimilée chez elle. On a dû lui dire: «La vie, c’est comme ça et pas autrement.» (RA). Cela lui confère une rigidité, mais aussi une certaine droiture «morale». Elle est verticale, même si au fil de la campagne, elle s’est mise à pencher vers la droite. Elle s’est endurcie. Ségolène Royal contrôle tellement qu’elle ne montre plus rien. Se laisser aller davantage la servirait sans doute. Se laisser aller, ce n’est pas être affectif, faible ou mou, c’est s’adresser aux autres selon sa vraie nature pour convaincre.» (CM) «Sans doute veut-elle éviter de paraître elle-même autoritaire et dure, pour mieux laisser ce rôle à son concurrent. Mais du coup, on retient d’elle un flou. On ne sait pas où elle va car son corps dit peu. Son côté maternel et pur, accentué par le vêtement blanc fréquent, ne touche pas complètement parce que ce n’est pas totalement sincère.» (RA)

La conclusion de Joseph Messinger au sujet du Président ? «D’après tout ce que j’ai pu observer, il ne fait pas de doute que la France s’est choisi un président caractériel, invivable, redoutablement manipulateur et égotiste», explique le psychologue. Avant de renchérir, presque amusé: «En fait, il ne sert pas l’Etat, il se sert de l’Etat!»
Un jugement sans appel, qui se base sur l’étude méticuleuse du ballet gestuel présidentiel: «Non seulement j’ai pu observer Nicolas Sarkozy en vrai, mais j’ai également ausculté près de 1500 photos de lui, souligne Joseph Messinger. J’ai tiré de ces observations une analyse gestuelle rigoureuse, parfaitement conforme aux codes que j’ai déjà livrés dans différents ouvrages.»

Que restera t il à la fin ? la division.
Une partie du peuple qui aura compris le double langage de Monsieur Sarkosy (et ceux qui auront su décrypter ses mimiques) et l’autre encore sous l’influence de ses gestes trompeurs hypnotiques…
Il ne faut pas non plus négliger dans la communication médiatique l’importance des postures et gestes volontairement effectué dans le but d’accentuer une émotion sans que cela trahisse le discours du personnage mais au contraire pour que ça l’accentue…
Ainsi sera accomplit la fameuse devise mise en pratique en politique « Diviser pour mieux rassembler »…