Censure sur ARTE : « des zones de non-droit où l’information ne pénètre pas ! »
Un documentaire sur les violences faites aux femmes en banlieue parisienne a été déprogrammé in extremis par Arte, quelques minutes avant sa diffusion, mardi soir. La chaîne explique que « certains protagonistes » du film se sentaient « en danger ». Interrogé jeudi par Rue89, le producteur justifie cette « censure », effectuée « la mort dans l’âme ».
La soirée thématique Femmes: Pourquoi tant de haine?, diffusée sur Arte mardi soir, s’annonçait inédite. Pour la première fois, filles et garçons, issus de la cité Balzac à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), ont témoigné devant la caméra de leurs relations conflictuelles. Tabassage, torture, insultes… Le documentaire choc de Cathy Sanchez, intitulé La Cité du mâle, dresse un constat effrayant: dans le quartier où Sohane a été brûlée vive en 2002, rien ne semble avoir changé. Les violences faites aux femmes semblent même avoir augmenté.
Non contentes d’être devenues maîtresses des rues des cités de France, les racailles imposent-elles également leur loi aux programmes télévisés ?
C’est la question que l’on peut se poser après la déprogrammation par ARTE d’un reportage, « La Cité du mâle », tourné dans le quartier Balzac, à Vitry, et traitant de l’affaire Sohane, cette jeune femme morte brûlée vive en 2002 dans la cité multiethnique.
C’est moins d’une heure avant la diffusion prévue, que la chaîne franco-allemande a décidé de déprogrammer ce document de cinquante minutes à la suite des lourdes menaces qui pesaient sur la « fixeuse ». Dans le jargon journalistique la « fixeuse » est une personne familiarisée avec le milieu, qui aide notamment le journaliste à entrer en relation avec des témoins.
Des témoignages très crus sur l’image de la femme dans les cités de l’immigration et sur sa place dans l’organisation « tribale » des quartiers avaient été recueillis au cours du reportage. Une vision peu flatteuse du « paradis multiculturel » que les petits caïds de la cité n’ont pas souhaité voir diffusée. D’où les pressions et menaces sur la « fixeuse »
Une nouvelle date de diffusion devrait être prochainement annoncée. Ou pas ! Si l’émission est reprogrammée la chaîne a annoncé que ce sera après quelques modifications…
Quant au producteur du documentaire, Daniel Leconte, il a déclaré sur Europe1.fr « Il y avait des zones de non-droit où les policiers ne pénétraient pas, il y a maintenant des zones où l’information ne pénètre pas. »
La réalisatrice Cathy Sanchez, qui avait tenté de comprendre ce qui s’était passé en 2002, revient huit plus tard pour voir comment les choses ont évolué depuis. Une compilation d’interviews de filles et de garçons aux mots crus mais qui semblent monnaie courante dans cet environnement au code bien établi.
Quelques heures avant la diffusion, la production est contactée. L’une des personnes ayant collaboré au tournage sur le terrain et qui vit à Vitry a peur des représailles.
« Une personne avec qui on avait travaillé pour préparer ce sujet est venue dans l’après-midi voir notre rédacteur en chef (…), raconte le producteur Daniel Leconte. Elle a commencé à regarder le film, et au bout de cinq minutes elle a été prise de panique, elle a eu peur de représailles sur elle-même et sur sa famille. »
Arte, qui ne peut vérifier à temps la véracité de ces menaces, préfère annuler la diffusion par précaution. Déprogrammation peut apparaitre comme une victoire pour ces jeunes de banlieue qui voient leur loi sexiste faire la loi sur la chaine franco-allemande.
« Que des types inspirent tellement la peur, au point que leur entourage soit contraint de nous demander à nous de les protéger en ne diffusant pas des informations, c’est une forme de censure grave. »
Les extraits ci-dessous ne laissent en tout cas présager rien de bon quant à l’évolution des mentalités en cité.
http://www.novopress.info
http://www.planetecampus.com/actu/18985-arte-la-cite-du-male-deprogrammee-sous-la-menace
http://www.lejdd.fr/Medias/Television/Actualite/Arte-Un-docu-choc-deprogramme-217832/
ce n’est pas que l’info ne rentre pas c’est qu’elle ne sort pas ^^
Le fait intéressant, prouvant qu’il y a une évolution dans les conscience est la dénonciation même de l’information censurée.
@ joke 911
Si elle ne sort pas elle ne pourra pas rentrer non plus puisque ça les concerne directement quand même…
@Néo Trouvetout :
Ce qu’a voulu dire, Joke911, c’est qu’ils peuvent nous faire croire que l’information ne rentre pas, en n’en faisant rien sortir, un peu comme un muet non sourd.
Je confirme par ma récente expérience personnelle. Ayant ouvert un café concert alternatif en face d’une cité populaire, nous militons en faveur du bio pour tous dans nos assiettes ( guerre sur le prix), et pour un enrichissement culturel (concert, expo, théâtre de rue…).
Après menace, tentative d’extorsion, menace par arme (dans la bouche tout de même), passage à tabac, j’ai du fermer définitivement.
La police n’a pas engagé de poursuite, à mon grand étonnement. La raison invoquée était floue, mais j’ai eu des éclaircissements par la bouche du Maire lui-même. En effet, pour ne pas mettre le feu aux poudres, aucune action n’est intentée dans la zone de non droit ou l’association ouvrait ses portes.
De militant altermondialiste dans un premier temps, en un mois, j’ai repris ma caméra, et essayé d’en fixer cette histoire sous forme de reportage.
Peine perdue, car une fois sur place, j’ai du encore une fois donner et recevoir des coups, en fuyant comme une personne qui aurait des choses à se reprocher.
L’excitation des quartiers populaires est permanente. De promesses électorales mensongères à des provocations policières déguisées, de clans familiaux mafieux à des intérêts politiques locaux, j’ai surtout découvert que tout était diablement lié, intriqué.
Sans aucune volonté de ma part pour défendre ces pratiques, j’en retire surtout qu’à ma petite échelle, la pression est immédiate, violente et sans recours.
Eq8able, comment en lisant ton témoignage n’avoir pas l’envie irrépressible de cramer ces cités…. Il fraudrait les démenteler, détruire les barres HLM, casser les communautés… détruire cette logique mafieuses qui rappelle des heures noires. Pourquoi, par quel logique inique encourage ton le développement des ces espaces qui rassemble misère morale, intellectuelle, et mentale.