Moins on parle à un enfant plus il deviendra pauvre
La fracture sociale ? Une fracture verbale. Si les pauvres restent pauvres, c’est qu’ils sont sevrés de mots pendant leur tendre enfance, à en croire les récents lauréats d’un prix américain.Pendant deux ans et demi, les chercheurs ont analysé les échanges de 42 familles. En moyenne, concluaient-ils en 1995, les enfants déshérités entendaient 616 mots par heure, les petits nantis, 2 153. L’extrapolation se base sur quatorze heures par jour.A son quatrième anniversaire, un bambin privilégié aura entendu prononcer trente millions de mots de plus qu’un enfant défavorisé ; l’écart commence au berceau, se creuse au jardin d’enfants, devient un gouffre à l’âge adulte, selon les tenants du projet Providence Talks. Le remède ? Doter les enfants d’un petit magnétophone comptabilisant le nombre de mots entendus au cours de la journée.
L’appareil attaché aux vêtements filtre les bruits de fond et le flux de la télévision et de la radio – impersonnel et non assimilé… Les échanges sont confidentiels et les enregistrements effacés après analyse. Des travailleurs sociaux apprendront désormais aux parents taiseux à devenir plus loquaces pour booster le vocabulaire de leurs rejetons. Des milliers de familles devraient participer à ce projet doté de 5 millions de dollars par Bloomberg Philanthropies. Le maire de New York, promoteur du prix, espère voir ce programme étendu à tout le pays…
http://www.courrierinternational.com/article/2013/07/16/les-pauvres-sont-taiseux