La police utilise désormais les logiciels prédictifs pour anticiper les crimes et délits
Minority Report, de la fiction à la réalité ? Presque… Les « Experts », regroupés désormais à Pontoise (Val-d’Oise) ont mis au point un logiciel de prédiction afin d’anticiper les grandes tendances de la délinquance. « A la différence du film dans lequel les autorités ciblent les individus, nous nous attachons uniquement de façon massive aux faits et aux actes criminels », explique à 20 Minutes Patrick Perrot, le chef de la division analyse et investigation criminelle au service central du renseignement criminel (SCRC) de la gendarmerie nationale.
« Empêcher que les faits ne se réalisent »
Cette méthode prédictive vise à décongestionner les tribunaux, en « empêchant que les faits ne se réalisent ». Concrètement, les gendarmes du SCRC analysent les faits criminels connus des années passées et tentent de savoir précisément où, à quelle heure, et dans quelles circonstances ils risquent de se renouveler dans les prochains mois.
Par exemple, les cambriolages. « Nous construisons un modèle basé sur les infractions constatées entre 2008 et 2013. S’il est validé et se vérifie sur les faits de 2014, nous le projetons sur l’année 2015 », détaille Patrick Perrot. Une échelle de risques est alors définie et les informations recueillies sont transmises aux gendarmes sur le terrain pour qu’ils augmentent l’intensité des patrouilles, par exemple, dans un secteur défini où les vols par effraction seraient susceptibles d’augmenter au cours des prochaines semaines.
Une marge d’erreur estimée entre 5 et 7 %
La marge d’erreur de cette méthode est estimée entre 5 et 7 %. « Seuls les délits et les infractions en quantité suffisante sont exploitables », poursuit le gendarme. Les homicides ne sont donc pas étudiés. Mais les vols, les agressions sexuelles et les viols, les cambriolages ou encore les trafics de stupéfiants sont ciblés. Avec déjà des applications directes. « En février 2015, nous avons prédit une augmentation des vols dans les locaux de commerce. Nous avons accentué nos patrouilles en deuxième partie de nuit, de 2h à 6h du matin aux abords des commerces »
A titre d’exemple, les analystes ont aussi mis en lumière le lien entre les cambriolages et les trafics de stupéfiants. Selon eux, 65 % de ces faits au niveau national sont liés. Autrement dit, en s’attaquant prioritairement aux vols par effraction, les autorités peuvent, par ricochet, interpeller des dealers, dont les agents de voie publique peinent à approcher à cause de l’emprise qu’ils peuvent avoir dans leurs quartiers.
Cette méthode, dite de lissage exponentiel, n’est ni plus ni moins celle qui est utilisée en France dans les secteurs du marketing et de la grande distribution. « Nous n’en sommes qu’au début », avance Patrick Perrot. A la différence des Etats-Unis, où les policiers reçoivent directement sur le tableau de bord de leurs voitures de patrouilles les indications de prédictions, ces nouvelles données ne sont transmises qu’aux chefs de service. A eux ensuite d’adapter leurs moyens et d’exploiter au mieux ces renseignements criminels dans leurs zones.
En Suisse…
Pour prédire la délinquance, les autorités suisses ont équipé la police nationale d’un logiciel prédictif hors du commun. Une méthode ultra-perfectionnée qui n’est pas sans rappeler le film Minority Report, avec Tom Cruise.
La Russie lance un “système prédictif” pour surveiller en ligne l’organisation de manifestations
Un think-tank politique russe pro-gouvernement a lancé ce qu’il nomme un “système prédictif de surveillance” pour contrôler les rassemblements non autorisés et les actions dissidentes sur les réseaux sociaux. Si des systèmes analogues ont été mis en place ailleurs dans le monde, les experts restes dubitatifs quant au réel danger d’un tel dispositif.
D’après les informations données au au journal pro-Kremlin Izvestia par Yevgeny Venediktov (directeur du Centre de recherche en légitimité et contestation politique), le logiciel a entamé une phase de test le 18 mai dernier, indexant en partie un réseau social non identifié. Venediktov a indiqué que le système ne s’attaquerait qu’à des données ciblées des réseaux sociaux, comme ces groupes ou profils utilisateurs collectés par des bénévoles dans une base de données puis filtrés par des “sociolgues et politologues”. Cette démarche viserait plus spécifiquement les groupes politiquement orientés, les communautés de manifestations pour les droits civiques et les forums de discussions locaux, analysant les likes et retweets de contenu postés par les “groupes extrémistes”.
Venediktov déclare que le nouveau logiciel dénommé “Le Démon de Laplace” (d’après une expérience de pensée menée au XIXe siècle par le Français Pierre-Simon Laplace décrivant un démon omniscient), sera capable de repérer la préparation de manifestations longtemps avant leur concrétisation et pourrait transférer les informations relatives aux autorités, univeristaires et membres du gouvernement.
Comment fonctionne la surveillance prédictive ?
Jay Ulfelder politologue et chercheur affilié à la Data-Pop Alliance, a indiqué à notre site qu’il était possible de développer des systèmes qui utilisent le contenu posté sur les réseaux sociaux ainsi que d’autres contenus bruts pour anticiper les préparations de manifestation “avec uneprécisionn notable, qui s’accroit à mesure qu’approche l’événement”.
La version la plus basique de cette pratique consiste en rien de moins qu’écouter aux portes – étudier certains flux de réseaux sociaux ou forums de discussions – cela fonctionne probablement dans beaucoup de cas. Des approches plus abouties se penchent sur ces espaces mais également d’autres formes de données moins structutrées, puis convertissent ces flux en des données plus exploitables, des choses comme le traitement automatique du langage naturel ou de l’analyse numérique, puis utilisent des modèles statistiques ou l’apprentissage automatique pour générerer des prédictions à propos d’une activité en particulier.
Ulfelder prend pour exemple le EMBERS, un système financé par le gouvernement américain, et le système de surveillance chinois des réseaux sociaux, qui anticipent les actions de groupe et censurent les discussions qui pourraient les provoquer. Les autorités Egyptienne ont également tenté de construire un système globalisé de surveillance des réseaux sociaux qui détecterait les expressions de contenu distendent et “dangereux pour la sécurité publique”.
Bien que les algorithmes prédictifs soient dans chaque cas différents et peu explicites, Ulfelder estime qu’il y a au moins des preuves circonstancielles qui indiquent leur faisabilité.
Lire la suite sur : http://fr.globalvoicesonline.org/2015/05/21/186277/
et http://www.20minutes.fr/societe/1612375-20150521-viols-agressions-cambriolages-nouvel-algorithme-gendarmes-predire-crime