Il s’appelle Robert Riblet. Depuis huit ans, cet ingénieur à la retraite ferraille contre la Française des Jeux. Son combat : les jeux de grattage, qui n’obéiraient pas simplement aux règles du hasard.
Seul face à la puissante entreprise détenue à 72% par l’Etat, Robert Riblet vient de recevoir un soutien de poids, l’ancien président de la FDJ Gérard Colé. « Il y a dans les jeux de grattage une égalité des chances qui n’a jamais existé », a affirmé mercredi celui qui a dirigé la Française des Jeux de 1989 à 1993.
- Quel est le problème ?
Selon Robert Riblet, les buralistes reçoivent de la FDJ les tickets de grattage par livrets de 50 tickets. Dans trois livrets sur quatre, il n’existe qu’un seul « gros lot » supérieur ou égal à 20 euros (et jusqu’à plusieurs milliers d’euros), les autres tickets étant soit perdants soit porteurs de montants « dérisoires », permettant seulement de rembourser le prix du ticket.
Or, une fois le gros gain remporté, les tickets continuent d’être vendus, d’où cette « rupture d’égalité » entre les joueurs. L’ancien patron de la FDJ Gérard Colé a admis que de nombreux buralistes en avaient bien profité : « Si la majorité des tickets d’un livret étaient ressortis avec des lots dérisoires, les buralistes en déduisaient que le gros lot restait à venir.Ils achetaient alors pour leur propre compte les tickets restants ».
- Comment la combine a été découverte ?
C’est en 2001 que Robert Riblet a eu la puce à l’oreille. Dans un bar-tabac, il voit un client acheter un carnet de 50 tickets de « Black Jack » et les gratter un à un jusqu’à obtenir le gros lot (supérieur ou égal à 20 euros). Le buraliste a alors remis à la vente les tickets restants avant de sortir un nouveau carnet et de répéter la même opération.
Pour le jeune retraité, il y a anguille sous roche. Il mène sa propre enquête puis signale l’incident à la FDJ. « J’ai reçu un courrier de sa direction dans lequel elle menaçait de m’attaquer pour diffamation. Par cette menace, j’ai conclu qu’il ne s’agissait pas d’une faille informatique mais d’un acte volontaire. Je l’ai donc assignée en justice. Suite à cela (…) le directeur du contentieux de la FDJ a reconnu que j’avais raison et m’a proposé une importante somme d’argent mais j’ai refusé« , a-t-il expliqué dans une interview à Planet.fr. Désireux de faire triompher la justice, Robert Riblet s’est ainsi assis sur un chèque de 450 000 euros destiné à le faire taire.