Confessions d’un banquier pourri
Son auteur signe « Crésus » et se présente comme un ex-membre du directoire d’une des plus grandes banques françaises, écarté il y a cinq mois des affaires par un président soudain très à cheval sur les règles et le contrôle des risques… « A peine surpayé, dit-il de lui, j’ai ramassé quelques dizaines de millions d’euros en une quinzaine d’années. Une paille, comparée aux salaires et aux primes des traders que je dirigeais ». Son analyse du mécanisme des subprime – ou comment les banquiers ont réalisé le « casse du siècle » – vaut le détour. Morceaux choisis :
« Quand on m’interroge, je compare les banquiers à des bouchers pas très consciencieux. En fait nous avons fait disparaître les crédits à hauts risques dont nous voulions nous débarrasser en les mélangeant avec des créances de bonne qualité. La fabrication de ce cervelas d’un genre nouveau s’appelle la titrisation. Ensuite, on débite les nouveaux titres en tranches, qu’on vend en engrangeant au passage de belles commissions. Quand les morceaux de viande avariée – en l’occurrence les subprime – pourrissent et deviennent toxiques, ça contamine toute la saucisse, et les acheteurs tombent malades. »
« Le processus était assez simple : au départ, on balançait aux structures des impayés ou des crédits à risques. Ensuite les types qui vendaient notre camelote noyaient ces produits incasables dans toutes sortes de liquidités avec deux objectifs : d’abord faire passer le risque de la Banque vers la Bourse, comme on se débarrasserait d’un mistigri encombrant, et, deuxième objectif, nettoyer nos bilans, puisque les créances invendables disparaissaient du passif pour réapparaître miraculeusement dans la colonne des actifs. »
« Pour sauver notre résultat, ne restait finalement que notre métier de base : nos clients les plus modestes, tous ces braves gens qui tiraient le diable par la queue. C’était eux qu’on assommait. Les marges sur nos encours de crédit allaient d’ailleurs progresser de 20 à 21% cette année. Que ce fussent les crédits à la consommation, les prêts-relais ou les découverts, toutes ces niches étaient incroyablement rentables, malgré ce qu’en disait notre discours officiel. Les crédits immobiliers se révélaient, eux aussi, très satisfaisants, avec une marge de l’ordre de 16%. Toutes nos divisions allaient perdre de l’argent, excepté la banque de détail, justement. En ce domaine, nous avions encore quelques idées pour améliorer encore l’ordinaire. En multipliant les propositions à la clientèle, on avait réussi à faire exploser les frais bancaires : virements, chèques de banque, retraits, ouvertures de comptes, remises de cartes de crédits, consultations de comptes sur le net, tout justifiait un prélèvement d’apparence anodine. L’ensemble représentait à la fin plus de la moitié de notre bénéfice annuel ! »
« Où étaient les sanctions ? Devions-nous rendre des comptes ? Et à qui d’ailleurs ? A nos conseils d’administration ? Plaisanterie ! A l’Etat ? Une mascarade ! Les « camarades » de l’inspection des Finances ne nous gênaient pas, c’est le moins qu’on puisse dire. Aux médias ? Ils ne posaient pas beaucoup de questions et prenaient nos communiqués les plus effrontés pour argent comptant. Les banquiers du monde entier étaient en train de réaliser en toute impunité le casse du siècle. De Paris à New York, une bande avait accumulé des fortunes invraisemblables ».
« Confessions d’un banquier pourri », publié sous le pseudonyme de Crésus, aux Editions Fayard. Sortie en librairie le 15 avril. 17,90 euros.
PARIS (NOVOpress) – fr.novopress.info
Qu’on ressorte la guillotine !
je suis en train de lire ce livre, j’ai envie de vomir, j’avais lu l’affaire clearstream il y a de cela quelques années j’étais déjà effaré et ce qui me fait encore plus bondir et entretient ma colère sourde c’est que les gens ne « veulent » pas savoir, ne veulent pas réagir, ils sont tous pris pour des gogos que l’on peut saigner . Et plus on les saignent, plus on les méprisent. A quand le grand chambardement nécessaire pour conserver une vraie démocratie, sinon… nous aurons un fasciste qui lui fera le boulot pour remettre les choses à plat.